d’après le texte « L'allumette faillit s'éteindre à mi-parcours et s'étouffer dans sa propre fumée noire, mais elle reprit un nouveau souffle, chancelant, et s'approcha du Père Goriot, gisant par terre, devant la maison sur pilotis. Les feuilles de papier léchées par le feu se tordirent, se blottirent les unes contre les autres, et les mots se ruèrent vers le dehors. […]
Trois autres allumettes allumèrent simultanément les bûchers du Cousin Pons, du Colonel Chabert et d'Eugénie Grandet. La cinquième rattrapa Quasimodo qui, avec ses anfractuosités osseuses, fuyait sur les pavés de Notre-Dame de Paris, Esméralda sur son dos. La sixième tomba sur Madame Bovary. Mais la flamme fit soudain une halte de lucidité à l'intérieur de sa propre folie, et ne voulut pas commencer par la page où Emma, dans une chambre d'hôtel de Rouen, fumant au lit, son jeune amant blotti contre elle, murmurait : « tu me quitteras... » Cette allumette, furieuse, mais sélective, choisit d'attaquer la fin du livre, à la scène où elle croyait, juste avant de mourir, entendre un aveugle chanter :
Souvent la fraîcheur d'un beau jour
Fait rêver fillette à l'amour.
A l'instant où un violon se mit à jouer un air funèbre, une bouffée de vent
surprit les livres en flammes; les cendres fraîches d'Emma s'envolèrent, s'entremêlèrent à celles de ses compatriotes carbonisés, et s'élevèrent dans l'air en flottant.
Cendreux, les crins de l'archet glissaient sur les cordes métalliques luisantes où se reflétait le feu. Le son de ce violon, c'était le mien, Le violoniste, c'était moi.
Luo, l'incendiaire, ce fils de grand dentiste, cet amant romantique qui avait rampé à quatre pattes sur le passage dangereux, ce grand admirateur de Balzac, était à présent ivre, accroupi, les yeux fixés sur le feu, fasciné, voire hypnotisé par les flammes dans lesquelles des mots ou des êtres jadis chers à nos cœurs dansaient avant d'être réduits en cendres. Tantôt il pleurait, tantôt il éclatait de rire. [...]
L'autodafé continua. Le fameux comte de Monte-Cristo, qui avait jadis réussi à s'évader du cachot d'un château situé au milieu de la mer, se résigna à la folie de Luo. Les autres hommes ou femmes qui avaient habité dans la valise du binoclard ne purent y échapper non plus.
Même si le chef du village avait surgi devant nous à ce moment-là, nous n'aurions pas eu peur de lui. Dans notre ivresse, on l'aurait peut-être brûlé vivant, comme s'il avait été lui aussi un personnage littéraire. » rédigée une partie commantaire qui développe l’axe suivant ; « le meurtre fantasmagorique de la littérature. Tel un eleve de seconde